Monaco Classic Week

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STARS AND STRIPES FOREVER !

Le Yacht Club de Monaco, cette année, a décidé de prendre l’accent américain : c’est au son des célèbres Marches Américaines de Sousa que la Musique des Equipage de la Flotte ouvrira en fanfare le rendez-vous biennal qui réunit la fine fleur du yachting classique.

Unique en son genre, c’est le seul rassemblement où sont invités à la fois des voiliers classiques, des canots automobiles anciens et des motor-yachts d’époque. Ce sont près de 130 unités qui seront réunies dont 74 voiliers de tradition et métriques, ainsi qu’une trentaine de canots à moteur, représentés par les Riva, emblèmes méditerranéens, et pour les Etats-Unis par une flotte de Chris Craft, icônes des lacs américains.A noter également la participation pour la première fois de la goélette à trois-mâts Atlantic 2010 (réplique de 1903), emmenée par Charlie Barr qui avait établi en 1905 le meilleur temps sur la traversée de l’océan Atlantique ainsi que le retour en Principauté du SS Delphine (1921), un Steam Ship de 79 mètres, construit pour l’épouse du constructeur automobile Dodge. C’est à son bord, dit-on, que les trois maîtres du monde, Staline, Roosevelt et Churchill auraient préparé les accords de Yalta, en 1945.

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Dans le Port Hercule, sur les quais, au sein même du Yacht Club, on fêtera les stars du yachting américain, héros de la Côte Est, territoire du New York Yacht Club, dont les membres ont écrit cette formidable saga. A travers leurs créations, on retrouvera ses concepteurs, les Starling Burgess, Nat. Herreshoff, John G. Alden, leurs prestigieux et prolifiques successeurs, Olin Stephens et son complice Roderick Sparkman, Dick Carter, dont les clients s’appelaient Vanderbilt, Rockfeller, Pierpont Morgan, Gorbes, John Kennedy, qui, tous, ont fait vivre cette activité. Le yachting, qui, à l’instar de la Coupe America, bien plus qu’un simple jeu, participe à la fois de la créativité, de l’industrie, et du sport de haut niveau. Mais aussi de la rivalité économique. Quel moyen plus efficace et plus subtil pour conquérir le marché américain, que la notoriété d’un thé ou d’un stylo à bille jetable, ont pensé Thomas Lipton, pas encore anobli, et Marcel Bich, près d’un siècle plus tard. Avec le gigantisme américain, c’est le yachting à son plus haut niveau qui s’est développé au pays des Yankees, venus battre les Anglais sur leur propre terrain, à Cowes, devant la Reine Victoria, un jour de juin 1851. Les vaincus voulaient leur revanche. Les vainqueurs acceptèrent de les recevoir dans leurs eaux, et le défi prit le nom de la célèbre goélette de 1851, America, dont une réplique fidèle sera amarrée dans la Marina du Yacht Club.

Cette année, les classes métriques, nées après la création de la Jauge Internationale de 1906, sont invitées à Monaco : 6 M JI, 8 M JI, 12 M JI, et 15 M JI, dont fait partie Tuiga, le yacht emblématique du Yacht Club de Monaco, 110 ans cette année. L’occasion de voir régater ce qui s’est fait de mieux en régate, preuve en est la bonne santé des classes de 6 Mètre et de 8 Mètre. Les 12 M JI seront représentés par La Spina, un chef d’œuvre d’architecture et d’aménagement italien, et par un revenant, French Kiss, à peine sorti de chantier de remise en état, qui en 1987, mené par Marc Pajot, réalisait la meilleure performance à ce jour d’un bateau français dans la Coupe, à savoir parvenir aux demi-finales des Challengers à Perth.

L’International Schooner Association a choisi Monaco, après Capri, pour le second rassemblement de sa jeune histoire, les Schooner Cup Series. Une dizaine de goélettes, dont Invader (1905), Puritan (1930), ou Elena of London 2009 (réplique de 1910), redonneront au quai un aspect historique, quand elles venaient hiverner et assister au printemps, aux Meetings de Canots Automobiles.

Parmi les nouveaux venus de la Monaco Classic Week : Atlantic, la célèbre goélette du New York Yacht Club qui avait établi en 1905 le meilleur temps sur la traversée de l’océan Atlantique, en 12 jours, 4 heures 1 min et 19 secondes. Reconstruit sous la direction de Ed Kastelein, spécialiste des rééditions de voiliers célèbres, Atlantic, avec ses 66 mètres, est une réplique à l’identique de la goélette à trois mâts que Charlie Barr avait commandée pour courir la Kaiser’s Cup de mai 1905. Il faudra attendre le 1er août 1980 pour que Eric Tabarly améliore ce temps de référence sur ce parcours de 2 925 milles.

Aux côtés de ces flottes prestigieuses, on retrouvera les Dinghies 12’, petits dériveurs, véritables bijoux de bois verni et d’accastillage rutilant, essaim d’une vingtaine de papillons virevoltant dans la baie.

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Rappelons que les quais sont accessibles au public, qui pourra profiter du Village de la Monaco Classic Week, constitué d’une vingtaine d’exposants, tous liés au yachting classique : chantiers et maîtres voiliers, créateurs, peintres de marine, sculpteurs, photographes, et où l’on retrouvera le thème américain. A deux pas du village, devant le Club House du Y.C.M., une exposition inédite G.L. Watson et la Coupe de l’America comblera les amateurs de yachts classiques, qui découvriront, pour la première fois de ce côté-ci de l’Atlantique, les premiers bateaux qui disputèrent la Coupe de l’America, et instaurèrent la suprématie du yachting américain. Cette exposition installée sur le quai Louis II présente des photos inédites du fonds de l’Ecossais George Lennox Watson, l’architecte naval malheureux de quatre Challengers britanniques, dont un Shamrock pour Sir Thomas Lipton. Précurseur de l’espionnage industriel, il se procurait des photos des bateaux américains en régate ou au chantier, à chaque édition de la Coupe pour les étudier. Une collection unique et historiquement importante, mise à la disposition du Yacht Club par la société G.L.Watson, de Liverpool.